Un régime trop riche en graisses et en sucre, type sodas-pizzas, favoriserait l'obésité par l'intermédiaire d'un "mini cerveau" situé dans le tube digestif, en vidant l'estomac plus vite et en entraînant ainsi une sensation de faim, selon des chercheurs.
"En plus de notre cerveau, nous avons un mini cerveau - en fait un réseau de neurones - localisé dans le tube digestif (de l'oesophage au rectum) qui contrôle les fonctions digestives", explique le neurobiologiste Raphaël Moriez (Inserm) co-responsable de cette recherche franco-allemande avec Michel Neunlist (Inserm).
Cet autre cerveau, ou système nerveux entérique (SNE), composé de plus de 100 millions de neurones, fait du tube digestif le second organe neurologique de notre corps.
Ce mini cerveau contrôle par exemple le transit intestinal, la vidange gastrique et les "fonctions de barrière absolument essentielles pour nous protéger des agents pathogènes", relève le chercheur.
Les chercheurs ont rendus des souris obèses en les soumettant à un régime gras et sucré, type "pizzas-sodas", et ont constaté que leur estomac se vidait beaucoup plus vite que chez leurs congénères de poids normal.
Ce même phénomène d?accélération de la vidange gastrique est observé chez les patients obèses. Il contribuerait au développement de l'obésité en diminuant les signaux de sensation de satiété et donc le besoin de manger encore.
En outre, chez les rongeurs obèses, la mortalité des neurones du réseau digestif est ralentie, ont-ils constaté à leur grande surprise, alors que chez les souris non obèses, il existe une perte normale de ces neurones et un ralentissement de la vidange gastrique.
Tout se passe comme si l'obésité reprogrammait ce mini-cerveau, selon le chercheur.
Ces travaux, parus dans une revue spécialisée, The Journal of Physiology, mettent en exergue la capacité des nutriments à moduler le fonctionnement de ce "second cerveau" et son rôle dans le développement de l?obésité.
A terme, la prévention de pathologies neurodégénératives digestives voire du système nerveux central pourrait être modifiée par des approches nutritionnelles.
Ecoutez le chercheur : http://dai.ly/yLW12P