(NICOLAS MESSYASZ / CITIZENSIDE.COM)
Le retour devant le Parlement de la proposition de loi sur le génocide arménien, lundi 23 janvier, ravive les querelles franco-turques qui s'étaient déjà manifestées fin décembre, lors d'un premier vote à l'Assemblée nationale. La Turquie avait alors gelé sa coopération militaire et politique avec Paris. Ankara promet de nouvelles sanctions avant le vote au Sénat, tandis que la communauté turque en France donne de la voix.
Le Sénat pourrait adopter le texte définitivement
Après son adoption à l'Assemblée nationale le 22 décembre, le texte pénalisant la négation des génocides, notamment celui des Arméniens en 1915 par les Turcs, pourrait être définitivement validé ce lundi au Sénat.
Mercredi, la commission des lois de la Chambre haute avait rejeté la proposition de loi en votant une motion d'irrecevabilité à une large majorité, jugeant le texte "contraire à la Constitution". Une position défendue par l'ancien sénateur et ancien ministre socialiste Robert Badinter dans Le Monde.
Le texte devrait toutefois être voté lundi en séance, une majorité semblant se dessiner en sa faveur. Les principaux groupes politiques ont reçu la consigne de voter pour.
Nouvelles menaces de la Turquie
Le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, qui avait prévu de se rendre lundi à Bruxelles pour assister à une réunion des ministres européens des Affaires étrangères consacrée à l'Iran, a finalement préféré rester en Turquie.
Le ministre a annoncé que son gouvernement mettrait en œuvre un nouveau train de représailles contre la France en cas d'adoption de la loi. "Nous avons déterminé au préalable les mesures que nous prévoyons de prendre si ce texte est finalement adopté. Personne ne doit en douter", a-t-il menacé lundi.
La Turquie pourrait ainsi rappeler sine die son représentant à Paris et réduire son ambassade en France. Une riposte dans le domaine commercial et économique est aussi prévue.
Ahmet Davutoglu s'en est pris à une mentalité d'"inquisition" défendue par les élus français pour faire adopter un texte qui, selon lui, n'aura pas de "validité". Bien qu'elle reconnaisse que des massacres ont été commis en Anatolie entre 1915 et 1917, la Turquie réfute le terme de génocide.
La communauté turque se mobilise
Les Turcs de France se sont une nouvelle fois donné rendez-vous devant le Sénat lundi pour protester contre le vote du texte. Samedi, ils étaient déjà au moins 15 000 à manifester à Paris.
Le climat pourrait être tendu car, dans le même temps, des Arméniens ont décidé de se rassembler dans une rue adjacente pour soutenir le texte. Le chanteur Charles Aznavour ou encore le réalisateur Robert Guédiguian pourraient s'y rendr