La volonté est affichée par les ministres des Affaires étrangères maghrébins afin d’insuffler une nouvelle dynamique au Maghreb et faire sortir l’UMA de sa léthargie. La conjoncture est on ne peut plus propice. Les récents changements démocratiques sont un grand atout pour entamer une véritable union à la hauteur des aspirations des cinq peuples. C’est en tout cas ce qu’ont tenu à répéter, à plusieurs reprises, les chefs des diplomaties lors de la trentième réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union du Maghreb arabe (UMA) à Rabat, samedi 18 février.
L’heure est au dépassement des différends pour bâtir un espace maghrébin capable de résister à la concurrence économique. Les défis sont communs et de taille. Ils sont relatifs à la sécurité, à l’économie et au volet social. Sur le plan économique, les responsables gouvernementaux avouent qu’il y a un grand manque à gagner et recommandent de procéder le plus tôt possible à un système intégré de complémentarité. Selon certains experts, il est nécessaire de s’attaquer à trois dossiers : l’interconnexion autoroutière et énergétique, la coordination réglementaire et le libre-échange commercial et économique.
Tous les ministres des Affaires étrangères ainsi que le secrétaire général de l’Union estiment qu’il est désormais nécessaire de lancer la banque maghrébine d’investissement et du commerce extérieur. Ce projet, en instance depuis des années, vise à contribuer au développement de la coopération entre les pays de la région.
Banque maghrébine
L’idée est de promouvoir l’édification d’une économie maghrébine compétitive et intégrée. Cela passera, entre autres, par la réalisation de projets mixtes. Ce qui permettra de donner un coup de fouet aux échanges commerciaux intermaghrébins et de renforcer les investissements et la circulation des biens et des capitaux entre les pays du Maghreb. L’accord relatif à la création de cette banque a été signé en 1991 en Libye et ratifié par tous les pays de l’UMA. Le capital de la BMICE s’élève à 500 millions de dollars. Il doit être réparti entre les cinq pays membres de l’UMA.
Dans leurs déclarations, les responsables maghrébins semblent être conscients de la nécessité de s’unir afin de constituer une force capable de négocier avec les autres entités d’ordre économique telle que l’Union européenne. L’intégration économique régionale est une nécessité pour faire face aux crises. Selon le ministre des Affaires étrangères libyen et président de la session, Achour Ben Khayal, l’heure est à la création d’un socle maghrébin solide en accélérant la cadence des réalisations, vu que ce qui a été concrétisé, jusque-là, ne répond pas aux ambitions communes. Celles-ci ne peuvent se réaliser, selon lui, qu’à travers la création d’un groupement économique régional et la mise en place d’une zone de libre-échange ainsi que de l’unité monétaire. Même son de cloche chez ses homologues maghrébins. Mais les discours seront-ils bientôt concrétisés par actions palpables ?
Outre les enjeux économiques, les défis sociaux se ressemblent dans le Maghreb, surtout ceux ayant trait aux jeunes. Quelques réunions ont déjà été tenues à l’échelle maghrébine sur le sujet, notamment au niveau de l’enseignement et de la lutte contre le chômage. Une étude en la matière sera finalisée d’ici juin prochain, assure le secrétaire général de l’UMA, Habib Ben Yahya.
Sur le plan sécuritaire, il y a lieu de conjuguer tous les efforts afin de faire face au terrorisme et au crime organisé transfrontalier menaçant la région. Le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, s’est attardé sur le sujet en proposant de tenir une réunion à Alger afin de discuter de tous les dossiers liés au terrorisme et aux crimes transfrontaliers.
Les ambitions exprimées sont, ainsi, grandes et touchent plusieurs dossiers. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Saâd-Eddine El Othmani, estime que pour atteindre les objectifs escomptés, il faut construire un nouvel ordre maghrébin basé sur le dialogue, les consultations et le travail accru.
Relations maroco-algériennes
Le Maroc et l’Algérie aspirent à dépasser leurs différends afin de pouvoir construire l’Union tant espérée du Maghreb. Saâd-Eddine El Othmani et Mourad Medelci se sont réunis à la veille de la tenue de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union du Maghreb arabe (UMA) afin de signer un document jugé par les deux parties de la plus haute importance. Il est relatif aux consultations politiques entre les deux départements. Le but est d’unifier les points de vue.
Jusqu’à présent, l’Algérie n’a pas encore décidé d’ouvrir les frontières avec le Maroc, malgré la main tendue de Rabat. Lors du point de presse, tenu vendredi dernier, Medelci a évité de parler d’une perspective datée. Quant au dossier du Sahara, il estime que les deux parties ont convenu de respecter la position de chacun d’entre eux tout en faisant confiance à l’ONU.
Repères
Plusieurs recommandations ont émané de la réunion maghrébine :
- La tenue de la prochaine session du Conseil en Tunisie avant fin 2012.
- Intensifier les coordinations et les consultations dans le cadre de la tenue de la prochaine réunion du dialogue en Méditerranée (5+5), qui se tiendra en Italie la semaine prochaine.
- La tenue d’une réunion des pays membres de l’UMA, en Algérie, consacrée aux questions sécuritaires.
- Coordonner les points de vue concernant l’initiative arabe sur la Syrie.
- Réitérer le soutien au peuple palestinien.
Autres recommandations et décisions à caractère économique et social.
- Redynamiser les structures de l’Union,
- Consolider les acquis et mettre en œuvre des mécanismes de consultation politique, en vue d’insuffler une nouvelle dynamique à l’intégration maghrébine.